Gilles Ortlieb, (France, 1953) |
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Biographie |
Gilles ORTLIEB est né le 20 mai 1953 à Ksar-Es-Souk (aujourd'hui rebaptisé Er-Rachidia), au Maroc. “Rentré” en France dans les années 60, il fait sa scolarité au pensionnat du lycée Michelet, à Vanves, puis des études de Lettres classiques à la Sorbonne avant d'obliquer vers l'étude du grec moderne à l'Institut des langues orientales. Il vit de travaux divers (marionnettiste, gardien de nuit, traducteur indépendant, enseignant, etc...) avant et après son service militaire en Allemagne. Ses premiers textes sont publiés dans la N.R.F. en 1977. Entré dans les services de traduction de l'Union Européenne en 1986, il vit depuis lors à Luxembourg, sans désespérer tout à fait d'arriver à s'en échapper un jour. Poète et prosateur, il collabore à de nombreuses revues. Il est aussi traducteur de Constantin Cavafy, de Frank Wedekind, de Georges Séféris et de Mikhaïl Mitsakis. Parmi ses derniers livres. Meuse métal, Poèmes, Le temps qu’il fait, 2004, Des orphelins. L’un et l’autre, essai, Gallimard, 2007. Sous le crible, roman, Ed. Finitude, 2008. |
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Poème |
Correspondance à Longuyon Sur le chemin de Charleville-Mezières, ville si proche et si lointaine, par le réseau ferré, depuis longwy-bas et la frontière : il y faut une bonne demi-heure d’attente que l’on use, faute de mieux, dans les rues avoisinantes a longer un funérarium aussi fleuri qu’un village suisse a la belle saison, à croiser le regard d’un chien affalé, truffe contre le carrelage, derrière la vitrine d’un café désenchanté, à s’interroger sur les obscures raisons qui ont pu persuader un cuisinier thaïlandais de lier, ouvrant ici boutique, son sort à celui des Longuyonnais -avant de songer à revenir vers la gare , dans l’odeur acidulée des fumées droites et irisées aperçues ici et là, au-dessus des toits. Puis, le train étant annoncé avec un retard probable de plusieurs minutes, retourner voir la plaque posée en évidence près du hall d’entrée, s’assurer que l’altitude de l’endroit (218 mètres et demi, chiffre arrondi) n’a pas varié, et observer la poignée de passagers postées, dans une parfaite ordonnance, le long du quai : l’appelé du contingent, le vieil homme à ses côtés, les parents flanqués de leurs trois fillettes en anorak céladon et ce couple isolé, dont les menues attentions disent assez qu’ils ne monteront pas ensemble dans ce train que personne n’entend approcher sinon peut-être, immobile sous l’horloge Brillié, la femme noire aux tresses luisantes, vêtue d’une robe de tissu crépon aux couleurs de Pschitt orange et Pschitt citron. Extrait de Place au cirque |
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